Délire dans le bois

par jms  -  21 Septembre 2015, 14:27

Promenons nous dans… le bois

Pendant que le loup n’y est pas.

Si le loup y était…

Il nous mangerait.

Loup y es tu ? Que fais-tu ?

Un petit chaperon rouge

Un petit chaperon rouge

Où le loup vous y emporte et vous y mange, à moins que vous n’y deveniez loup.

Montage perso autour de sombres bois Friedrichiens (les filles sont de Stu Mead)

Montage perso autour de sombres bois Friedrichiens (les filles sont de Stu Mead)

Ce qui est lié à la forêt fait souvent frémir. Mais de ce frisson où le plaisir et la peur sont si intimement liés qu’ils s’enroulent, s’encordent et se tendent en une vrille excitante et très jouissive. Où il s’agit tout simplement d’aimer avoir peur, comme dans une course poursuite enfantine ou comme on peut aimer détester le salopard dans un film.

 

On s’y perd, on s’y trouve. On y suit des traces ou on y sème des petits cailloux. On s’y tait, on y crie. Le corps s’y éprouve… tension… excitation... « Chercherie » enfantine… étrangement inquiétante.

Invention d'un grand bois Rubenien

Invention d'un grand bois Rubenien

S’y sent-on observé et traqué et la forêt enchantée et fantastique, se transforme en un royaume terrifiant, une « awful forest » pleine de bruit et de fureur. On pense aux chasses infernales du Moyen-âge. Forêt nocturne, purée de pois où meutes et piqueurs gesticulent dans le craquement des branches et des os, où les galops frappent la terre d’un monde maudit, où se déchaînent des forces folles et terribles. Il y pousse des arbres dont on ne connait le nom qu’en purgatoire.

Chouette à la Dado dans les... bois

Chouette à la Dado dans les... bois

Mais pourquoi y-a-t-il tant de bruits étranges entremêlés aux silences, tant de choses bizarres entraperçues au milieu de toutes ces feuilles et de tous ces noirs enchevêtrés ? C’est pour mieux t’écarquiller les yeux, mon enfant ! Les faire jaillir comme il se doit !

 

S’y sent-on à couvert et le bois devient  le royaume du guet apens. Littéralement le guet à penser. Où la théorie n’est que contemplation (n’oublions pas que le verbe grec theorein c’est observer, examiner), et dévoile sa source visuelle : le guet de chasse. C’est l’instant d’avant selon Quignard. Où tout se prémédite. Le guetteur en latin c’est le « speculator »…  à l’abri dans sa bulle.

 

Comme un point d’instabilité avant la métamorphose !

 

La forêt y est un corps à forcer, une gigantesque proie.

 

Fixe ! Médite ! Rêve ! Enfle !

 

Elle se donnera là, contre ce bouleau, … et plus secouée qu’un arbre dans le vent ses grands cris renversés feront partir des corbeaux.

 

Ou tu la guetteras… n’osant rien, attendant qu’elle te demande… l’impossible.

Montage perso autour d'une boîte de Cornell

Montage perso autour d'une boîte de Cornell

Le chasseur chassé, c’est la trop fameuse histoire d’Artémis au bain, celle d’un voyeur… déchiqueté. Où il s’agit déjà, mais nous y reviendrons, au-delà de simplement écarquiller les yeux, d’une machine à… broyer la vision.

 

Il regarda, il désira, sa tête immobile se transforma en celle d’un cerf aux grands bois érigés.

 

Selon Quignard, il y a une joie à regarder et à désirer de la même façon qu’il y a une abyssale détresse masculine à jouir, ou du moins à avoir joui. Celui qui regarde partage le désir sans risquer l’inexcitabilité où tombent d’un coup ceux qui répandent leur sperme. Le voyeur reste figé quand tous les heureux redeviennent recroquevillés, misérables, dégoutés, disproportionnés.

 

Le voyeur reste cerf. Avec de grands bois éternels.

 

Comme si le sperme giclant, se matérialisait dans le froid et la nuit.

 

Quid de ce très ancien dieu cervidé qu’imagine Pierre Michon, peint et enfoui à l’âge du renne, avec au-dessus de son crâne les racines de grands arbres aveuglément mêlées à ses bois. Comme des sexes qui s’entremêlent !

 

C’est l’éternel effroi devant la chose nue qui surgit dans l’ombre. Au fond des forêts, le cerf cherche la source de l’eau qui jaillit.

 

Pourquoi la déesse vierge montre-t-elle son sexe nu au cerf qui brame ?  Pourquoi les chiens hurlent-ils à la lune ?

Encre de Zao Wou Ki

Encre de Zao Wou Ki

S’éclipser comme la lune, fuir au fond des forêts, se perdre dans le noir. Au-delà de la demande. Au royaume du désir de… l’Autre. Qu’y-a-t-il donc là-bas ? Et que me veut-Elle, bon sang ?

 

Rien ne manque dans le réel selon Lacan, le manque n’y étant introduit que par la symbolisation et les langages animaux. Le réel est plein, sans manque, mais attention, si l’on considère qu’il n’est lui-même qu’un concept, c'est-à-dire finalement qu’un produit des ani(mots), il est alors paradoxalement le vide cerné (et formé) par le symbolique.

 

Où il s’agit fondamentalement de creuser un trou dans l’Autre. Et y aller (se faire) voir.

 

Où il s’agit encore et toujours d’écarter des branches… dans la quête d’un objet qui se dérobe.

 

Les arbres dans la lumière étaient immenses nombreux, inépuisables. Nous sommes ainsi faits que des cuisses nues là-dessous nous semblent plus vastes.

 

« Elle se campa dans ce soleil marbré de feuilles où flambèrent ses cheveux, ses jupes d’azur énorme, le blanc de ses mains et l’or de ses poignets, et quand dans un rêve ces mains se portèrent à ses jupes et les levèrent, les cuisses et les fesses prodigieuses me furent données, comme si c’était du jour, mais un peu plus épais… Le jet d’or au soleil sombrement tombant, faisant un trou dans la mousse… » (Pierre Michon,… « Le roi du bois »).

 

Frémit un gourdin dans sa housse…

 

Tandis que l’autre noble à ses côtés : il avait autant de dentelles à son col qu’elle en avait aux fesses. Pour mieux faire passer sur la fente ou le col tout l’influx de la parure…

 

Voyeurisme et souvenir d’enfance sont peut-être synonymes.

 

C’est la maison d’enfance et de vacances comme un secret lointain, enfoui sous les ombres et les mousses qui s’épaississent, les arbres pressés flanc à flanc, leurs arceaux denses. On la porte en soi comme un noyau invisible.

 

Une enclave de merveilleux ou de sauvagerie.

 

Imagine le vieux vent dans sa barbe houleuse d’épicéas noirs. Je les ai souvent vus s’agiter contre la fenêtre. C’est pour mieux, dans ta tête, les… écarter mon enfant !

 

Et cette chambre qui donnait sur les épicéas.

 

« Il y avait un miroir aux eaux profondes. Des ors nus fustigeant l’espace cramoisi. »

« O miroir ! Eau froide par l’ennui dans ton cadre gelée. »

« Comme des feuilles sous ta glace au trou profond »

Mais… des soirs, dans ta sévère fontaine, « j’ai de mon rêve épars connu la nudité ! »

Dans « l’… étang de la pourpre complice. »

 

Il y avait aussi, pas loin, une fontaine dans son antichambre de platanes obscurs.

Fontaine médusante, oeuvre perso

Fontaine médusante, oeuvre perso

« Sous l’ombre des grands noyers la surface de l’eau dans la fontaine est presque noire, comme vernie, sans cesse parcourue de rides concentriques qui vont s’élargissant et s’affaiblissant peu à peu à partir du point où tombe le jet et où les reflets des feuilles des noyers et de fragments de ciel se disjoignent et se rejoignent dans un perpétuel tremblement. Les parois intérieures de la cuve sont recouvertes d’une longue mousse verte dont les brins flottent horizontalement… L’épaisse toison noire où le membre luisant continue son va et vient contraste avec la blancheur lisse des fesses et des cuisses… Si on trempe sa main dans la fontaine il semble qu’elle est enserrée par un gant glacé coupé net au poignet. Sous les doigts le contact de la longue mousse verte est doux, velouté. Si on l’arrache elle reste accrochée aux doigts, un peu gluante comme du coton mouillé. » (Claude Simon)

 

“Now his entire hand was inside. She looked down to see only his smooth, pale wrist disappearing into her.”

 

Un horizon se creuse.

 

Plonger la tête la première !

 

Si chez le névrosé, le désir serait à l’horizon de toutes les demandes, longuement déployées et littéralement interminables… chez le pervers, le désir serait au cœur de ses demandes.

 

Où l’image s’incruste à l’orée des bois.

 

Et tout commence ou finit devant une porte de bois. Dans l’inconfort jouissif d’une forme exigeante.

 

Porte close, cadenassée. Rustique. Cloutée. L’Autre est barré comme dirait l’autre !

Réaménagement d'une porte de Pons

Réaménagement d'une porte de Pons

Magie du bois et de sa matière. Materia signifie justement bois (sa partie ligneuse, génératrice) et présente la même racine que mater. La terre-mère.

 

Mais il y a un trou !

 

Ou comme un nœud dans le bois.

 

Gide raconte qu’enfant on lui a dit que dans le bois d’une porte, quelque part à Uzès, il y avait un trou, parce qu’un nœud en avait été extrait. Et ce qu’il y a au fond, c’est une petite bille, lui dit-on, que votre papa a glissé là quand il avait votre âge. Et il nous raconte, qu’à partir de ces vacances, il passe un an à se laisser pousser l’ongle du petit doigt pour l’avoir assez long à la prochaine rencontre, de façon à pouvoir extraire du trou dans le bois la petite bille.

 

Il y parvient finalement, mais il n’a plus dans la main qu’un objet grisâtre, qu’il aurait honte de montrer à quiconque. Moyennant quoi il le remet à sa place, coupe son petit ongle, et n’en fait confidence à personne – sauf à nous, bien plus tard.

 

L’objet que le pervers traque avec persévérance est un objet au cœur de l’Autre.

 

Me rappelle ces merveilleuses filles hypnagogiques, toujours sauvées in extremis, dans le sexe desquelles il fallait que je glisse une bille…. secret de l’univers.

Montage perso sur... bois

Montage perso sur... bois

Max Ernst : « Le 10 août 1925, une insupportable obsession visuelle me fit découvrir les moyens techniques qui m’ont permis une très large mise en pratique de la leçon de Léonard. Partant d’un souvenir d’enfance au cours duquel un panneau de faux acajou, situé en face de mon lit, avait joué le rôle de provocateur optique d’une vision de demi-sommeil, et me trouvant, par un temps de pluie, dans une auberge au bord de la mer, je fus frappé par l’obsession qu’exerçait sur mon regard irrité le plancher, dont mille lavages avaient accentué les rainures. »

 

Certaine images sont d’une précision inespérée.

 

Max Ernst veut agir sur ses propres nerfs, puis sans doute sur ceux du regardeur (et cela nous rappelle Francis Bacon).

 

Exciter c’est appeler au dehors. Faire jaillir en quelque sorte !

 

Et Ernst s’excite d’exciter… le bois et ses rainures !

 

Interviendrait dans l’invention du frottage un souvenir d’enfance autour de ce panneau de faux acajou situé en face de son lit. Un souvenir écran que Max Ernst reconstruit et trafique à son gré. Il y voyait son père accentuer avec un gros crayon les formes animales (déjà suggérées par l’aspect du panneau), puis ramasser ses créatures dans une sorte de vase qu’il dessinait dans le vide, transformer ce vase en toupie et changer son crayon en fouet, faire tourner et bondir cette « abominable toupie ». Devenu adulte, Max Ernst interprète cette vision comme l’évocation voilée de la façon dont son père « avait du se conduire dans la nuit de son engendrement ». Etonnante évocation de la figure paternelle en peintre fouettard muni d'un "affreux crayon mou".

 

Fouetté, frotté avec comme une atmosphère de foutre à l’horizon. S’exciter à faire ressortir la chose. De l’estompage comme instrument à cordes.

 

Mais revenons au trou dans le bois. Celui où l’on jette un œil !

 

« Il faut un moment pour que l’œil collé à la fente que l’on a agrandie se fasse à la demi-obscurité qui règne dans la grange et distingue les objets. »

 

Alors le tourbillon infini, l’hélice, le vortex, le maelström en continu, le trou noir et le noir qui s’ensuit et bientôt les cris qui dépècent l’horizon jaune ultime.

 

“Peep-hole, peach blow, Pandora, pompadour, pale leaf, pink sweet, Persephone”. Et la musique des Cocteau Twins et la voix d’Elisabeth Frazer  qui vont avec!

 

« Perséphone… Un éperon (que pour les besoins de la cause j’imaginerai vrillé) d’espadon, la torsade d’une corne de bélier, tout cela dans le nom de Perséphone je crois le découvrir, en puissance et n’attendant qu’un imperceptible déclic pour se déclencher comme le ruban d’acier extrêmement serré sur lui-même au milieu des rouages d’un mouvement d’horlogerie ou le ressort à boudin dans la boîte au couvercle fermé dont le diable à barbe hirsute n’est pas encore sorti. Il s’agit donc, essentiellement d’un nom en vrille, plus largement d’un nom courbe… » (Michel Leiris)

 

Perséphone comme un perce oreille, ou un perce œil. Où il s’agit d’une obscure tuyauterie qui plonge au plus secret de l’être pour conduire jusqu’à la cavité toute nue de notre espace mental.

 

Duchamp  a toujours rêvé d’une machine à broyer la vision. Une broyeuse de chocolat.

 

Dans une rafale de plans bombés et de facettes ombrées… anamorphophallique.

Duchamp en branleur

Duchamp en branleur

Grand amateur d’illusions d’optiques. Jusqu’à sa roue de bicyclette comme un feu de cheminée fascinant qu’on contemple les yeux perdus. Tout est bon pour nous faire tourner de l’œil… jusqu’à un sexe bien glabre. Où il s’agit encore et toujours de montrer cela qu’on ne peut voir.

Papillon

Papillon

Pour retarder de voir le noir, que Duchamp aurait voulu ne pas voir.

 

« De l’endroit où se trouve la grange on entend distinctement le bruit puissant et continu de la cascade répercuté par les falaises de roches grises apparaissant çà et là entre les feuillages touffus des bois sur les pentes abruptes de la vallée qu’elles couronnent parfois, couronnées elle mêmes par des bouquets d’arbrisseaux dont les racines s’enfoncent dans leurs interstices et dont les tronc malingres se tordent devant le ciel où les nuages glissent calmement, leurs contours sinueux ou dentelés se déformant sans cesse, dessinant des boursouflures, des golfes et des caps qui saillent se creusent et se déchirent. » (Claude Simon)

 

Etant donnés… entre autres la chute d’eau ! Qui jaillit comme il se doit !

 

Mais il faut regarder attentivement et précisément la chute d’eau d’« étant donnés ».  Il s’agit d’une colle durcie sur phototypie (ou photocollographie) qui a été recolorée entièrement. Visiblement Duchamp a cherché à lustrer en 3D la matière picturale. Etrange testament artistique pour qui voulait abandonner la peinture. Etrange allégorie de la vérité que ce dernier message d’un sexe dépouillé jusqu’au moindre de ses poils. Pourquoi faut-il donc aller au-delà  des toisons et des tissus ?

 

« … Dans le silence de la vallée que trouble seul le bruit continu de la cascade, la cloche de l’église égrène lentement des coups dont les vibrations restent longtemps suspendues entre les pentes boisées et les falaises de roches grises. »

 

Il ne secrétait d’ailleurs aucune odeur corporelle… il disait qu’il était auto nettoyant. Il avait le poil en horreur l’éliminant sans relâche, avec la plus grande vigilance. Cela n’aurait pas déplu à Ingres. Il parlait de la disgrâce du pélican, disant pélican pour poil au con.

 

Limage, polissage, caresses… inframinces. Où les mots techniques et érotiques s’entremêlent et deviennent indiscernables les uns des autres. Duchamp adorait le pelliculage extraordinaire qu’autorise la galvanisation du métal. C’est la mariée mise à nu et soigneusement pelliculée… sous verre. Ne pas y toucher, ou tout du moins y toucher à peine.

 

Et cette couleur rose chocolat qu’il affectionnait et qui à l’instar des surfaces métalliques et brillantes qui fascinaient tant Fernand Léger ("quoi de plus beau qu’une culasse de 75 en plein soleil !") recouvre sans accros les formes élémentaires de certaines de ses toiles. Un pigment si soigneusement passé, poncé, verni qu’il galvanise. Pensée érotico-technique de l’inframince. De la peinture comme instrument à polir des découpes... cylindriques!

 

Déployant son cylindre comme une fleur s'ouvre avant de se faner. (Mallarmé)

 

Corps féminin rasé pelliculé.

 

Au-delà de la matière brute du bois.

 

Laurent de Sutter a écrit un petit livre magnifique qui s’appelle « théorie du trou ».

 

Où l’on voit que ce n’est pas la même chose de chercher le trou que de… s’assujettir à celui-ci ! A ne pas confondre ! C’est encore l’histoire du désir tout contre le plaisir.

 

Se coller au trou et mater. Ici contrairement à l’adage il n’y a pas de peine sans plaisir !!! Le voyeur sait s’abaisser (jusqu’à se coller au sol malsain de chiottes publiques) pour obtenir l’angle de vision adéquat et approprié.

 

Où il faut bien parler d’une éthique du trou.

 

Tout cela n’est qu’une forme, un tunnel qui ne s’ouvre pas sur l’illumination d’un ailleurs mais sur un sexe féminin. L’ascèse mène ici à un obscurcissement, débouche sur du bouché, sans issue. Le défaut du plaisir est le plaisir du défaut.

 

L’excitation n’ouvre pas un chemin vers le sublime « désintéressé », le cache sexe, la tartufferie bourgeoise.

 

L’expérience du trou ne serait pas une expérience spectaculaire ou théâtrale mais une expérience éthique (on savait depuis Sartre que la honte se devait d’être dépassée). La forme du trou est une forme stricte qui réclame un abaissement sans concession. Rigueur de la forme et forme de la rigueur. Derrière le voile révélation de l’absence de fondement de ce qui paraît ou se prétend, fondé. Le fondement n’est qu’un défoncement.

 

Faire jaillir et « tunneller » les yeux ! Il s’agit ici de faire l’expérience de l’hexis, parfois sale et humiliante, de la vision… pureté sans désir mais pas sans plaisir de l’expérience éthique.

 

Figé, il scrutait avidement l’entonnoir ombreux que creusaient les rires impudiques.

Collage tiré de "Une semaine de bonté" de Max Ernst, 1934

Collage tiré de "Une semaine de bonté" de Max Ernst, 1934

Descartes, voyageur égaré, ne tourne pas en rond, va droit et trouve quelque chose ou arrive quelque part. La fin véritable de l’idéologie consiste dans le fait de marcher toujours plus droit. Son contenu, les raisons positives auxquelles l’idéologie fait référence pour légitimer sa demande d’obéir ne sont là que pour dissimuler ce fait (pour nous aveugler sur le plus de jouir propre à la forme comme telle).

 

Ce qu’il crée passe à travers lui il faut toujours obéir au désir de la ligne.

 

Comme dirait Ensor tout cela n’est qu’une affaire de morale d’arpenteurs désaxés reluquant points de vue insoupçonnés.

 

Où la forme tend vers l’informe.

 

Le secret de Kafka n’est pas qu’au cœur de la machinerie bureaucratique il n’y a qu’un vide c’est que ce lieu vide se trouve toujours déjà rempli par une présence inerte, obscène, sale, rebutante. Lorsque K jette un coup d’œil sur les livres volumineux des juges, il tombe sur une gravure indécente. Quant à l’autre K, l’arpenteur du château, à l’autre bout du fil il y a comme… un murmure obscène, indistinct.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :