Le dossier Fragonard

par Jean Michel Salvador  -  18 Décembre 2015, 15:59  -  #Fragonard

Le peintre en rose dans "les débuts du modèle" de Fragonard, vers 1770-73

Le peintre en rose dans "les débuts du modèle" de Fragonard, vers 1770-73

"C'est dans la traînée qu'est la vérité du rose"... pastel gras

"C'est dans la traînée qu'est la vérité du rose"... pastel gras

Le libertin Fragonard adorait le bouillonnement des étoffes et des robes bouffantes de son siècle. Où le peintre, s’il veut exercer son art correctement, doit rester « la dupe » de ce qui se cache et se trame derrière tous ces plis qui serpentent. Ne faut-il pas d’ailleurs « imaginer » que l’esthétique se fonderait sur le refus d’être non dupe (comme dirait Lacan). Rappelons que la dupe était originellement un oiseau huppé facilement… trompé.  Où il s’agirait d’un crayon pris au piège des tissus, et du plaisir que l’on prend, dans le dessin, à tourner autour de la chose.

Pastel perso

Pastel perso

Où j’imagine Fragonard, ce virtuose polisson, en bel oiseau huppé aux couleurs bleu, jaune et rose… un blason très XVIIIème.

Dessin d'après Fragonard

Dessin d'après Fragonard

Une jolie Dame redresse une belle arche plein cintre qui laisse entrevoir dans le lointain une cascade et ses vapeurs humides. Qui ne reste pas pris au piège comme une dupe devant une telle… vue, une telle affolante perspective ?

 

Comme dirait Duchamp : étant donnés une chute d’eau, son arche et ses à-pics… dans le froissement des étoffes.

 

A bon voyeur salut ! Le dossier Fragonard qui s’ouvre ici est en partie classé X (car il s’agira aussi d’être la dupe des plis et replis des lèvres du sexe féminin).

 

Le tout en hommage à un XVIIIème libertin qui savait se dé-colleter.

Huile sur toile,  copie perso des cascatelles de Tivoli de Fragonard

Huile sur toile, copie perso des cascatelles de Tivoli de Fragonard

Allez! Tout commence dans un dortoir, au milieu des cordons et des polochons... où des jeunes filles découvrent leurs corps. Des boutons se défont, tandis que d’autres, de chair, se laissent caresser du regard et des doigts dans les froissements et les chuchotements.

 

Une chaude lumière basse et centrale inonde le lavis. Comme ces lampes que l’on pose à terre à côté des lits pour tamiser l’atmosphère. Faisant office de joyeuse veilleuse. Avec cette lumière qui remonte par le bas le long des corps. Inversion des ombres...  On entend comme des rires étouffés.

 

Elles se tournent vers la lampe qui brille dans leurs yeux... qui recouvre leurs doigts tendus de touches d'or et éclaire l'intérieur de leurs chemises légères et transparentes...

 

Elles regardent dans l'ombre au delà en... riant.

Fragonard, scène de dortoir, le coucher, lavis brun sur esquisse à la pierre noire, vers 1763-65

Fragonard, scène de dortoir, le coucher, lavis brun sur esquisse à la pierre noire, vers 1763-65

Jeux d’ombres chinoises au travers des fines chemises de nuit.

 

Rires et chuchotements dans les chambres des métamorphoses adolescentes… Une émotion intacte en dépit du temps passé. Elles étaient ravissantes et parlaient de leurs… couettes.

 

D’étranges ombres s’étalent sur les murs… tandis que les rires s’étranglent en des « Oh » de stupéfaction.

 

Toutes ces boucles qui soulignent ou enveloppent les corps... ça tourne, ça tourne… la tête.

Détail du dortoir de Fragonard

Détail du dortoir de Fragonard

Où la montée du motif se fait au moyen d’un pinceau virevoltant. Un fa presto dans le feu de l’exécution. Action painting. Frago presto, frago furioso comme dirait Sollers. La force tournante du poignet boudine les chemises de nuit dans une vaine tentative de mettre la main sur d’insaisissables corps… libérant de leur fines camisoles d’admirables diablotins à ressorts… des petits culs potelés bien appétissants.

 

Un dessin au lavis d’une virtuosité… dissolvante. Un jeu de filles pour voyeur halluciné… tout en glissade. La détrempe s’immisce dans les plis des édredons tandis que des coulées de bistre glissent sur les étoffes. Mais c’est le jaune pâle du papier qui inonde véritablement la scène. Que la lumière soit… sur ces abricots fendus.

Petite pochade perso autour du "coucher des ouvrières" de Fragonard

Petite pochade perso autour du "coucher des ouvrières" de Fragonard

Portrait de Mlle Guimard, Fragonard, 1769

Portrait de Mlle Guimard, Fragonard, 1769

En 1769 Fragonard peint la Guimard... une étoile de la danse qui se fit édifier vers 1772 un magnifique hôtel particulier chaussée d’Antin. Où l'on y présenta "naturellement" des pièces obscènes. Il est probable que la reine Marie Antoinette assista, incognito et masquée à certaines représentations des plus osées. Du moins sa bibliothèque privée renfermait-elle certaines pièces imprimées parmi les plus licencieuses, comme "Sirrop au cul" (sic).

Montage "sirrop au cul"

Montage "sirrop au cul"

C’était une fille facile la Guimard. Mais en bonne courtisane elle savait aussi faire marronner ses adorateurs trop « amoureux » comme Fragonard et même plus tard… Jacques Louis David. Notre peintre libertin eut beau demander à se faire rétribuer en nature pour les panneaux qu’il peignit pour sa Folie, il ne la sauta qu’une seule fois, le malheureux… dit-on. Après elle se joua de lui et il en resta longtemps bafoué et humilié. Un anonyme pourtant raconte : "j’enfilai la Guimard, maigre sans doute, mais ayant encore du velouté et les mouvements onduleux." Argh…

 

Passage dans l’épaisseur, larges touches, brossage emporté, avidité des couleurs. Sous la brosse enfiévrée qui va et vient, les collerettes bouillonnent, les plis serpentent, les vestes se cambrent, les étoffes enflent et se renflent tandis que les tailles fines sont pressées comme des tubes de couleur.

Pastel perso tirée de l’espiègle de Fragonard et non d’un portrait de La Guimard mais quelle importance

Pastel perso tirée de l’espiègle de Fragonard et non d’un portrait de La Guimard mais quelle importance

Avoir raison de la viscosité de la pâte. Comme c’est difficile de faire à la fois gras et rapide (une question que le peintre De Kooning aura poursuivi deux siècles plus tard).

 

Comme un dessin à l’huile, serait-on tenté de dire, inventé dans la texture colorée elle-même, et qui travaille une incroyablement savante et suave harmonie de rouges, de roses et de verts. Peint en une heure de temps comme d’habitude !

 

Ne sentez vous pas dans l’air comme une odeur suave avec un fond de fraise (encore audible en italien dans le nom de notre peintre). 

Détail "fa presto" du portrait de l'abbé de Saint-Non de Fragonard, 1769

Détail "fa presto" du portrait de l'abbé de Saint-Non de Fragonard, 1769

Mais attardons nous un peu sur… le lit du "verrou"... probablement le vrai sujet de ce tableau si célèbre.

 

Une antre incroyable qui attire l’œil et laisse sans voix. Où l’envie vous prend de vous y… vautrer. Dans un roulement préliminaire et fricatif des v… digne de l’amour du grand siècle où le poids du rituel des apparences et des manières et donc le parfait contrôle de soi exigé à la cour dans les gestes et les mimiques, créent un étrange jeu de distanciation. Le libertinage est comme un jeu de société avec des règles rigoureuses qui exigent une grande maîtrise de soi. Une expression pure de la retenue, constitutive de l’intériorité selon Norbert Elias, qui va de plus en plus… s’érotiser au fil du XVIIIème. « L’indicible ambiance sensuelle qui les entoure naît justement de la lenteur de la cadence, balancés par le mouvement du carrosse, les deux corps se touchent, d’abord à leur insu, puis à leur su et l’histoire se noue » (Kundera).

 

Tout cela pour mieux finir par rouler son corps dans du moelleux.

 

Imaginez que quelques siècles auparavant la « courtoise » Marie de France disait se vultrer… (entendez vous dans le mot des volutes certes câlines mais aussi plus bourrines)

Montage d'un drapé autour du lit du verrou de Fragonard

Montage d'un drapé autour du lit du verrou de Fragonard

Daniel Arasse était lui aussi subjugué par ce lit... « Juste des drapés, des plis, et donc finalement de la peinture ». Il n’y a rien, mais on voit ou on ne voit pas.

 

Comme pour les voluptueuses volutes des jupons d’une célèbre jeune femme en robe rose de satin bouffante... s’envolant comme une liasse de pétales sur sa balançoire.

 

Toujours ces odes aux… riens de ces friponnes s'envoyant en l'air au pied levé... que dis-je... au pied tendu pour mieux accélérer le va et vient de l'envol de soie. Culbutées dans l'affriolant froufrou du taffetas au milieu des coussins comme au plus profond des bosquets libertins.

 

Cambrée sur son... bout de bois poli... prenant son pied !

Détail des heureux hasards de l'escarpolette de Fragonard, 1767

Détail des heureux hasards de l'escarpolette de Fragonard, 1767

Reprise de l'escarpolette par un Joann Sfar... virevoltant

Reprise de l'escarpolette par un Joann Sfar... virevoltant

Avec, dans le lit du "verrou", ces bords des oreillers anormalement dressés qui laissent poindre sous les renflements de leur porcelaine soyeuse comme les tétons d'une jeune et ferme poitrine... et ces lourdes tentures rouges qui font vestibules ou qui, renflées, font rêver "Madame" de formes oblongues et de de cylindres si longs...

 

Une volute rouge pénètre les plis de chair ourlant des profondeurs d'ombre.….

 

Vous entendez la tige du verrou… glisser (comme hors champ) en crissant dans le silence feutré de la chambre. Juste avant la formidable gronde espagnole (la fragor)… le bruit des tringles tirées, l’effraction dans les frottements et les retroussis de soie à l’instant forcené. Les étoffes se froissent, s'agitent et... bouffent.

 

Où il s’agît selon Daniel Arasse de se retrouver confronté à l’innommable. Non que la peinture soit dans l’indicible mais parce qu’elle travaille dans l’en deçà du verbal. Où nommer ce serait tomber dans le vulgaire. Pourquoi mettre des mots là où ils n'ont rien à faire ?... mais c'est qu'on aime ça,  il suffit juste d'y mettre les formes.

 

Pour Sollers c'est la beauté enfin ouverte qui révèle ses secrets : il y a là du sanglant, c’est viscéral et tordu,… chenille et papillon, la métamorphose et l’empoignade du fond des choses

Montage de drapés autour du lit du verrou de Fragonard

Montage de drapés autour du lit du verrou de Fragonard

Une onde indiciblement pornographique traverse le XVIIIème libertin. Elle se propage en vagues, tour à tour hérissées et courbées par le flux et reflux des échanges galants.

 

Depuis la manche bouillonnée du colosse aux boucles brunes du "Verrou" les lignes s'engendrent les unes les autres ondoyant fiévreusement au gré des plissés.

 

Des échanges… qui finiront en saillie dans le jaune et le blanc glorieux.

 

Dans l’assemblage enchiffonné des édredons Fragonard approche les filles comme il couvre ses toiles de jaune… ardemment.

Le verrou du "verrou" de Fragonard

Le verrou du "verrou" de Fragonard

Montage d'édredons à la Fragonard

Montage d'édredons à la Fragonard

Le pinceau tremble et se lâche comme s’il participait aux ébats... il exulte !

 

Dans une étreinte noyée de foutre sous les éclats vermillons d’une folle… miousic comme dirait Ensor !

Pastel perso "saillie XVIIIème"

Pastel perso "saillie XVIIIème"

"Jeune fille faisant danser son chien" de Fragonard, 1770-75

"Jeune fille faisant danser son chien" de Fragonard, 1770-75

C’est en voyeur patenté que Fragonard nous dévoile cette fameuse scène masturbatoire où une jeune fille s’offre, sans se savoir épier, à l’air ambiant et au panache de foutre d’un petit chien blanc bien innocent. Sous le baldaquin jaune, le pinceau remue le blanc épais... et fait des boucles blanches,  fines et légères... écume de mousse entre les cuisses.

 

Tout un… éclaboussement de lumière au milieu des édredons, traversins, et autres oreillers de chair fraîche.

 

Que grâce soit rendue à l’éblouissement ressenti sous les rayons admirables qui émanent d’elle. L’amour XVIIIième est rayonnant et ne s’embarrasse encore d’aucune mélancolie… romantique

 

Un pluie d’or inonde de sa lumière Danaé. Ce ne sont plus les pommes d’or qu’il faut aller cueillir au verger des Hespérides mais bien de beaux abricots fendus. Avouons que celui la est magnifique… duveteux à souhait et d’un délicat rose orangé. Fragonard garda, paraît-il, un goût prononcé pour les abricots trop mûrs toute sa vie. Pour pouvoir les déguster au-delà de la saison, et même de la raison, on les lui préparait en... sorbet.

 

Formes assouplies pour un fruit à entrouvrir.

 

D’un panache qui mousse... quand tu le secousses….

 

Fête où l’on entend les cuivres et les pets.

 

On se lâche dans le jaune. Avec du blanc crémeux pour les rehauts et du rose ou du vermillon pour le rougissement des ombres. 

Montage autour d'une jeune fille faisant danser son chien de Fragonard

Montage autour d'une jeune fille faisant danser son chien de Fragonard

Et comme la signature polissonne du peintre entre les mains d'un de ses amours....

Et comme la signature polissonne du peintre entre les mains d'un de ses amours....

Et ces volutes de rouge magenta qui tourbillonnent au-dessus de Procris, la recouvrant d’une belle antre aux replis annelés et roses sombres. Un gouffre moelleux, une houle voluptueuse pour mieux vous happer.

 

Des pointes rouge rose font comme des traînées sur le blanc immaculé de sa peau laiteuse. Grasse et, comme gorgée de suc… succulente et malléable comme un sein plein de lait qui s’allonge sous son propre poids.

 

Peint comme souvent chez Fragonard dans une manière fouettée et tourbillonnante..

 

Traînées de pâtes, balafres de blanc et de rose.

 

Et puis les flots bleus d’une jupe retroussée. Un bleu aristocratique comme pour mieux faire ressortir l’alliance du blanc et de la rose.

 

Comme le bleu d’une veine qui palpite sur la peau tendue d'un sein gonflé.

 

Où il s’agit de s’immerger au sein d’un blanc… rose bleuté. Comme un yaourt aux fruits des bois défendus. Froid mais onctueux et qui se réchauffe sous la langue. Extase tendre et moelleuse.

 

Au bout du pinceau… un bouillonnement de fond, un frisson abstrait... dans un tumulte vermillon et crémeux.

 

Pour rester dupes de ces magnifiques lèvres délicates, soyeuses et douces au toucher, suaves et onctueuses sous la langue.

Montage autour du "Céphale et Procris"

Montage autour du "Céphale et Procris"

Et voila l’histoire d’un peintre en herbes… c’est le cas de le dire, s’occupant peut être de redresser ou d’épiler soigneusement chaque poil de la douce toison qui se trouve à quelques centimètres de son visage. Selon qu’il faut tel Pygmalion donner vie au marbre ou au contraire statufier la Femme. Une question de réel pour le moins où il faut en prendre plein la vue. Juste histoire d'aller toucher du bout du doigt l’innommable. Mais il faut voir les dessins de Prud'hon (un peintre déjà dans le XIXème) pour mieux comprendre l’impact qu’un petit poil qui dépasse peut avoir sur la réalité d’une touffe dans ce plaisant culte de la belle chatte brossée au poil près. Mais on a vu qu’à la chatte Frago préfère le panache foutreux et en ébullition des petits chiens. Il est vrai qu’au XVIIIème la mode, à la cour, est à l’épilation intégrale. Alors le pinceau vorace de notre peintre en herbe s’appliquera, essayant de rendre habitable comme jeu ce qui est impossible comme réel...et on notera au passage que les tatouages du sexe féminin se font toujours sur fond de castration. Regardez sur les étagères de l’atelier du peintre ces inquiétantes têtes en plâtre dont une offrant à la vue un cou… creux comme une éternelle compensation à notre fascination pour cette si simple mais pourtant multimillénaire ligne au cœur d’un triangle..

 

 

Lavis pour le conte "le bât" de La Fontaine par Fragonard, entre 1765 et 1777

Lavis pour le conte "le bât" de La Fontaine par Fragonard, entre 1765 et 1777

Détail du lavis sur "le bât"

Détail du lavis sur "le bât"

Tourbillon des couleurs et des chignons pour une échappée belle en rose. Entrainement dans l’éternelle machine à broyer la vision… ça tourne encore !

 

Les bouches s’ouvrent les lèvres… se resserrent et se plissent pour mieux épouser la forme de leurs friandises fétiches. La langue cherche à aspirer la confiserie... dans l'exubérance des festons et des plis.

 

Moues gloutonnes pour de rouges bonbons.

 

Volutes et boucles roses pour des douceurs et des petits plaisirs qui arrondissent les lèvres.

 

Gâteries…

 

Montage autour d'une des "baigneuses" de Fragonard et de son chignon

Montage autour d'une des "baigneuses" de Fragonard et de son chignon

Embarquement pour la lune

Embarquement pour la lune

Où il s’agit d’aller fragonardiser. "L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose... Avec des coussins bleus" comme dit Rimbaud... pour mieux "s'enfoncer jusqu'aux yeux dans la source de soie".

 

Dans une embarcation extravagante en forme de coquille dorée, ornée d’un rideau rose….

 

De l’art de mener sa barque à celui de mener les femmes qui vous mènent.

 

La nuit était superbe elle laissait entrevoir les objets… ou les couleurs comme phosphorescentes de leurs robes.

 

Je la vois conduire le chevalier à travers la nuit enlunée. Maintenant elle s’arrête et lui montre les contours d’un toit se dessinant devant eux dans la pénombre… elle n’a pas la clé sur elle… mais il est ouvert. Art de prolonger le suspense, art de se tenir le plus longuement possible en état d’excitation. Le laps de temps comme une petite architecture merveilleuse. Forme de l’informe…  insaisissable.

 

Point de lendemain, point du jour, point du jouir.

 

"Le cocher le salue, il s’arrête, il approche les doigts de son nez, puis il monte, s’asseoit, se blottit dans un coin… s’efforcera de rester au plus proche de la nuit qui, inexorablement, se fond dans la lumière. "

 

Où l'on ne distingue plus le désir du souvenir... le bonheur anticipé de la mémoire de ce qui fut.

 

Un traversin se recroqueville.

Pavillon de l'étang (Fontainebleau)

Pavillon de l'étang (Fontainebleau)

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :